Quand j’ai lu pour la première fois que le QCM était une des formes les plus efficaces d’évaluation, j’ai failli m’étouffer. Donc je comprends si tu as la même réaction.
Avant de commencer, il est important de donner un contexte : les QCM sont efficace en tant qu’évaluation d’apprentissage.
Par opposition aux évaluations de certification (on dit aussi formative et sommative).
L’évaluation d’apprentissage ne sert pas à délivrer une note globale valable pour comparer des élèves et attester d’un niveau. Elle sert uniquement à s’entraîner.
Comme un examen blanc ou quand tu t’entraînes au code de la route sauf que normalement ça doit prendre une autre forme.
Le souci de l’examen blanc c’est qu’on recopie l’évaluation finale. Mais on en reparlera.
On a donc le QCM dans le cadre d’une évaluation d’apprentissage. Pour ancrer la connaissance et vérifier nos lacunes.
Voilà 7 avantages du QCM qui expliquent son efficacité. J’ai même envie de dire son “imbattabilité”.
#1 | C’est très rapide de répondre
Le QCM est la forme d’évaluation la plus rapide. Les avantages sont nombreux. Premièrement ça veut dire qu’on peut faire un quiz très rapide à n’importe quel moment. Par exemple, au milieu d’une séquence : 3 questions rapides à compléter en 3 minutes.
Deuxièmement, ça veut dire qu’on peut couvrir un champ très large de connaissance si on y passe du temps. Par exemple, j’ai fait passer un méga quiz en fin d’année à mes élèves. 500 questions… 4 heures.
Le quiz portait sur toutes les connaissances vues durant l’année.
Là où ça aurait été totalement impossible autrement.
Même si dans cet exemple extrême j’ai enfreint la règle que je t’ai moi-même donnée puisque je m’en suis servi comme évaluation finale.
#2 | Le quiz permet de cibler précisément des lacunes
Si tu as découpé ta discipline en plein de petits bouts de connaissances, tu peux faire des quiz qui portent précisément sur ces petits bouts. Par conséquent, tu peux évaluer très précisément où sont les lacunes exactes d’un élève. En l’empêchant de s’exprimer librement.
Oui… parfois on évalue mieux en empêchant l’expression.
Pourquoi ?
Imaginons que tu enseignes l’histoire. Par exemple le totalitarisme soviétique sous Staline. Tu demandes aux élèves d’écrire un essai libre :
“En quoi le système soviétique totalitaire sous Staline était différent de celui d’Hitler ou Mussolini ?”
Si tu fais ça, tu seras incapable à la fin de mesurer les lacunes et les erreurs de compréhension les plus courantes. Parce qu’un étudiant se concentrera sur ce qu’il sait pour répondre. Il évitera soigneusement les parties où il est le plus faible.
Alors qu’avec un QCM, tu peux proposer des réponses-pièges (les distracteurs)? Chaque distracteur a pour but d’évaluer une lacune courante chez les élèves. Par exemple :
“En quoi le système soviétique totalitaire sous Staline était différent de celui d’Hitler ou Mussolini ?
a) Il a créé des forces armées en parallèle de l’armée conventionnelle
b) Il a privé la population de certains droits fondamentaux
c) Il a interdit les syndicats
d) Il a aboli la propriété privée des moyens de production
On a ici la même question que précédemment. Sauf qu’ici on cible davantage. Ce qui permet d’interpréter sans ambiguïté la réponse de l’étudiant. Si l’étudiant répond a ou b on sait qu’il n’a pas compris des aspects fondamentaux des régimes d’Hitler et Mussolini.
L’option ‘c’ est probablement le distracteur le plus intéressant et celui que les étudiants qui se trompent choisiront le plus. Il est aisé de comprendre pourquoi les étudiants feraient cette erreur : en théorie, le communisme étaient en faveur des syndicats (mais en théorie une dictature ne l’est pas) donc les étudiants qui ont une compréhension superficielle de ces trois dictateurs pourraient croire que c’est la bonne réponse.
La bonne réponse ‘d’ est également bien choisie car le concept de l’abolition de la propriété privée des moyens de production est un concept inhabituel et abstrait que la plupart des étudiants occidentaux peinent à comprendre.1
On voit le problème : dans une question ouverte, un élève avec une mauvaise compréhension du rôle des syndicats ne les mentionnera jamais, et parlera de tout le reste qu’il maîtrise. Et on sera incapable de dire s’il a cette lacune ou non.
#3 | Le résultat ne dépend pas de la tête du client
Le QCM est une des formes les plus justes de l’évaluation car il supprime énormément de biais. D’ailleurs, j’ai moi-même parfois été étonné. Face à des élèves que je pensais en maîtrise et d’un coup avec le QCM je me rends compte que je suis biaisé par mon affinité positive. Ou inversement.
Il reste des biais : par exemple, les élèves qui lisent le plus vite sont favorisé·es. Mais en même temps c’est un biais présent dans quasiment tout l’enseignement.
#4 | La correction peut être automatisée sans perdre de sa qualité
Voici, de loin, l’avantage le plus incroyable et le plus sous-estimé des quiz. S’il est fait correctement, le quiz cible précisément des lacunes. Par conséquent on peut donc faire un feedback immédiat, global et…automatisé ! Par exemple, sur la question de Staline on peut écrire :
“Ce n’était pas la a ou la b. Hitler et Mussolini ont eux aussi mis en place des forces armées parallèles. Hitler avec les SS et les SA.
Il ne fallait pas non plus répondre la c. Car, le communisme est une idéologie favorable aux syndicats. Le régime soviétique repose sur cette idéologie (même s’il l’a dénaturée). Il n’a donc pas interdit les syndicats.
La bonne réponse était la d. Là encore c’est un concept aux racines de l’idéologie communiste qui vise à abolir la propriété privée des moyens de productions. C’est bel et bien la spécificité du totalitarisme soviétique : cet idéal d’abolition des classes sociales et de la propriété privée.”
Pas besoin d’avoir un humain qui explique, le feedback est compréhensible sans intervention externe.
Par conséquent, le QCM remplit vraiment sa vertu d’apprentissage, on peut mettre les élèves devant, sans regard extérieur, afin que ça serve vraiment d’évaluation sans pression de la note, juste pour vérifier l’assimilation des connaissances.
#5 | La donnée extraite est extrêmement facile à traiter pour orienter l’apprentissage
Imaginons que 75% des étudiants se trompent et choisissent la question c. Voilà qui donne une forte indication : il faut refaire la leçon. Le feedback est immédiat. Alors que pour avoir cette information suite à une question ouverte il faudrait une analyse humaine et complexe. Ici, on peut immédiatement dire quelle est la plus grande lacune de la classe.
Quant à l’étudiant : cela lui donne une traçabilité complète de ses lacunes et ses progrès.
On peut lui créer un tableau de bord avec un récapitulatif et des incitations à aller réviser tel ou tel contenu.
#6 | Ils peuvent s’adapter au niveau de l’élève
Cet avantage demande d’avoir les ressources informatiques pour le faire. Mais c’est vraiment riche en possibilité.
En effet, tu peux t’arranger pour que l’évaluation soit plus courte si la personne est en maîtrise et plus longue sinon.
En gros, plus la personne répond correctement et moins on lui envoie de questions. Pour lui économiser le temps. Surtout si on voit qu’elle répond correctement en un temps rapide.
Encore une fois, ça n’est possible que si tu as un logiciel pour le faire, mais ça permet vraiment de créer une évaluation à la carte.
#7| Il y a QCM et QCM
Une des raisons pour lesquelles les gens sont traumatisés par les QCM c’est que ça peut vite devenir la pire évaluation possible. Mais la bonne nouvelle c’est que je t’ai déjà montré comment on fait pour faire un QCM plus enrichissant :
Cet exemple est tiré de l’ouvrage Making Good Progress? The Future of Assessment for Learning. Ouvrage que je ne te recommande pas forcément car très dur à lire, surtout les premiers chapitres.
Merci Nicolas, je ne suis formatrice "officielle" que quelques heures par an, mais j'ai l'impression de bien me professionnaliser avec tous tes conseils (j'ai également acheté ta formation sur la pédagogie).
Quel outil peux-tu conseiller pour la réalisation de quizz ?