3 livres qui te donneront 3 compétences pédagogiques indispensables
Change la vie de tes élèves en comprenant la nature profonde de leurs blocages
La pédagogie s’apprend. Comme tout le reste. C’est un ensemble de compétences. On a déjà fait la liste.
Aujourd’hui je vais te parler de 3 compétences que tu peux booster grâce à des livres.
Compétence #1 : faire des supports visuels suffisamment simples pour être impactants
Compétence #2 : savoir dans quel ordre structurer un cours ou une formation
Compétence #3 : comprendre pourquoi les gens ont besoin de “profs” alors que l’information est librement disponible sur le web.
L’amour de la simplicité
Le métier des pédagogues est de transformer quelque chose de compliqué en quelque chose de simple.
Plus quelque chose est compliqué et plus ça va être difficile de l’enseigner.
Il ne doit donc y avoir aucune complexité inutile.
Et ça passe par les visuels. Je vois tellement de pédagogues échouer à cette étape ! Chaque fois ça me laisse perplexe. Des slides incompréhensibles, des graphiques illisibles…
Parfois je me dis que, comme moi avant, ces personnes sont convaincues qu’elles ne peuvent rien y faire, que c’est une question de goût. Soit on sait faire des choses belles, soit on ne sait pas.
Mais c’est faux. De la même manière que j’ai appris à m’habiller dans un livre, j’ai aussi appris à faire de beaux supports de présentation dans un livre.
Ce livre s’appelle Présentation Zen
L’auteur nous y montre comment simplifier nos présentations.
Je suis passé de slides comme ça :
À des slides épurés :
Les élèves sont déjà en surcharge cognitive donc leur afficher quelque chose qui va les submerger est une mauvaise idée.
Quelques enseignements du livre qui m’ont marqué à jamais :
On écrit beaucoup trop petit en général sur les slides. Il faut écrire super gros. Une phrase c’est un maximum sur un slide. Le reste doit être dit à l’oral.
Si je montre des chiffres… bah non. Je montre un seul chiffre et un seul. À la fois. En gros.
Mettre des images de très bonne qualité a un impact apaisant sur le public, donc il faut apprendre à trouver de vraies belles images (moi j’utilise unsplash et pexels pour ça. Shutterstock, le leader est beaucoup mieux mais extrêmement cher.)
Dans quel ordre structurer ma formation ou mon cours ?
Ça a été le premier email que je t’ai écrit :
Et, en vrai, ce n’est pas dans un livre que j’ai découvert le concept pour la première fois. C’était dans une formation.
Le concept phare : la taxonomie de Bloom. Une nomenclature qui permet de classifier les niveaux de maîtrise de la connaissance.
On divise la maîtrise en 6 niveaux :
Niveau #1 | Mémoriser : c’est tout ce que peut faire quelqu’un qui fait du par coeur. Donc recracher.
Exemple : je me fixe pour objectif pédagogique que tu sois capable à la fin de l’heure de me réciter les 6 niveaux de Bloom, dans le bon ordre.
Niveau #2 | Comprendre : c’est non seulement pouvoir faire le par coeur mais être capable de comparer des choses entre elles.
Exemple : je veux que tu sois capable à la fin de l’heure suivante d’expliquer à quoi sert cette taxonomie de Bloom. De comparer une formation qui ne la respecte pas avec une formation qui la respecte.
Niveau #3 | Appliquer : c’est pouvoir utiliser la connaissance dans une situation inédite
Exemple : je veux que tu sois capable à la fin de la troisième heure de prendre un plan de cours qui ne respecte pas l’ordre de la taxonomie et de le réorganiser de manière à le respecter.
Niveau #4 | Analyser : le niveau où on peut carrément déconstruire le concept en petit morceaux et même le critiquer. Ou en faire la synthèse complète.
Exemple : je veux que tu puisses, à la fin de la cinquième heure, trouver les défauts de la taxonomie
Niveau #5 | Evaluer : là tu peux dire quand le concept est bien ou mal appliqué. Tu peux aussi le défendre dans un débat.
Exemple : à la fin de la septième heure, tu peux aller à la télévision débattre de l’utilité de la taxonomie de Bloom avec quelqu’un qui te dirait que ça sert à rien
Niveau #6 | Créer : le niveau où tu produis une pensée ou un travail original
Exemple : à la fin de la onzième heure, tu peux créer un cours de A à Z en suivant la taxonomie. Ou alors tu peux la changer légèrement pour la faire à ta sauce.
Cette taxonomie nous aide non seulement à trouver un ordre de cours (du plus bas niveau au plus haut niveau) mais également à avoir des idées d’exercices.
Mais pas que. Ça va même nous aider à rédiger de meilleures questions de quiz. En faisant des questions qui portent sur les niveaux 3 et 4.
On l’a vu ici :
L’idée c’est que plutôt de faire des quiz avec uniquement des questions de niveau 1 comme :
Quels sont les 6 niveaux de la taxonomie de Bloom ?
Réponse A
Réponse B
Réponse C
Réponse D
On va également intégrer des questions qui visent les niveaux 3 et 4. Par exemple :
Vous allez donner un cours de 3 heures sur la poésie de Rimbaud avec une classe. Vous avez 3 activités. Une activité consistant à leur faire lire 3 poèmes de Rimbaud, une activité consistant à leur faire écrire à la manière de Rimbaud et une activité consistant à leur faire prédire lequel des 3 poèmes présentés a eu le plus d’impact sur la poésie et pourquoi. Dans quel ordre devez vous présenter ces activités pour qu’elles soient dans l’ordre de la taxonomie de Bloom ?
Réponse A
Réponse B
Réponse C
Réponse D
Ça fait un énoncé beaucoup plus long mais une question subitement bien plus intéressante.
Bon… j’ai doublement triché. Premièrement parce que je n’ai pas découvert Bloom dans un livre. Deuxièmement parce que dans le livre que je vais te présenter il n’y a pas que ça.
Mais justement, c’est un livre inclassable parce qu’il aborde 41 compétences de la pédagogies.
C’est vraiment LE livre que je te recommande pour commencer.
Il s’appelle : Enseigner et former
Et malgré la couverture, c’est vraiment ma meilleure lecture sur le sujet. Attention : il faut le picorer, il se lit mal de A à Z (ce que j’ai fait malgré l’avertissement).
Pourquoi les gens ont besoin de profs ?
Quand je découvre ce livre je suis formateur depuis déjà 3 ans. Donc je constate de mes yeux que Google ne suffit pas. Mais je n’arrive pas à expliquer pourquoi.
Ce livre explique.
Alors petit avertissement : j’ai appris récemment qu’elle avait un peu exagéré certains concepts scientifiques. Notamment la mémoire de travail qui pourrait contenir entre 3 et 7 éléments alors qu’en réalité c’est un poil plus flou. Mais l’idée ne change pas : nous sommes submergé·es parce que nous avons une mémoire de travail (court terme) et une mémoire de long terme.
Or, pour faire rentrer un truc dans notre mémoire de long-terme il doit d’abord passer par celle de court terme.
Voilà pourquoi c’est trop dur pour une personne qui ne connaît rien à un sujet d’apprendre avec Google. Parce qu’elle ne peut pas commencer : sa mémoire de travail sera submergée par le moindre détail.
C’est pour ça que les enfants n’arrivent pas à faire des additions avec des chiffres, au début. On les fait compter avec des vaches par exemple : une vache plus deux vaches ça fait combien de vaches ?
Parce qu’ils en sont encore au moment où un chiffre ça leur taxe une case de la mémoire de travail.
Pour la même raison, tu as beau maîtriser le métro d’une ville, quand tu changes de ville tu seras perdu·e face aux légères variations de fonctionnement.
C’est aussi pour ça que tu peux faire 46 x 5 de tête. Mais pas 657 x 78.
Mais comment ça se fait que certaines personnes apprennent directement via Google ?
Excellente question : c’est parce que ces personnes ont une excellente culture générale qui leur permet de ne pas être submergées trop facilement.
C’est la leçon de :
7 myths about education
Ce que j’en ai retenu :
Il faut enseigner en partant des choses que les élèves connaissent déjà. C’est pour ça que quand j’enseigne le recrutement je fais référence aux situations de drague : parce que je sais que tout le monde dans le public a vécu la situation.
Il faut faire la chasse à ce qui peut submerger les élèves. Les acronymes, les détails inutiles…
Ce n’est pas que les gens ne veulent pas aller dans Google c’est qu’ils ne peuvent pas. Il faut leur donner à la fois assez de connaissances pour qu’ils puissent commencer à y aller et également la confiance qu’ils peuvent comprendre.
Bonus : découvrir d’autres livres
Avoir une liste de livres c’est bien. Mais c’est tellement dur de se motiver.
C’est pour ça que je suis super content qu’on m’ait fait découvrir un club de lecture centré autour de la pédagogie :
Chaque mois on se retrouve pour discuter d’un livre. C’est là que j’ai découvert Enseigner et Former. Mais surtout je n’aurais jamais fini le livre sans le club. Car, n’en faisant qu’à ma tête, j’ai commencé par le lire de manière linéaire au lieu de picorer. Les deux premières fiches m’ont ennuyé. J’ai abandonné. Puis j’ai repris 15 jours plus tard parce que la date butoir approchait ! Et là j’ai adoré.
Et…bonus… en février c’est présentation zen qui est au programme donc ça te fera une excuse pour t’obliger à le lire !